mercredi 26 juin 2013

On dirait le Sud tome 2 - la fin des coccinelles

Le Sud, titre d’une chanson de Nino Ferrer sortie en 1975. La phrase d’attaque du refrain a donné son nom à ce diptyque en bande dessinée.

L’été le plus chaud du XXe siècle fut l’été 1976. Dans une petite ville du centre, comme ailleurs en France, des restrictions d’eau sont appliquées. La surveillance est effectuée par les hélicoptères de la gendarmerie. Dans la cité, certains esprits s’inquiètent des bruits de fermeture de l’industrie locale. Pour taire les rumeurs, les patrons de l’usine ont échafaudé un plan compromettant Max Plume, un syndicaliste respecté jusque-là. La chaleur devenant de plus en plus accablante, la tension ne cesse de monter en ville. Malgré l’arrestation du principal suspect, les disparitions d’enfants se poursuivent dans le sud du département. La tension devient palpable. Lorsque la nouvelle des plans de licenciements devient effective, l’orage social qui couvait se met à gronder: la conclusion d’un récit en deux parties, entamé en 2010 lors de la parution du premier tome Une piscine pour l’été.

Ancien collaborateur à Rock & Folk, Cédric Rassat a scénarisé des artistes italiens, espagnols, scandinaves, avant d’entamer en septembre 2006 la production de cette série. Raphaël Gauthey a, lui, débuté dans l’univers des jeux vidéo avant de se consacrer à l’illustration. Explication de ce style graphique angulaire très coloré, afin de rendre sa lumière à l’été 1976.

On dirait le Sud tome 2 - la fin des coccinelles de Cédric Rassat et Raphaël Gauthey album Delcourt, 64 pages, 14,95 euros

dimanche 23 juin 2013

Les chasseurs de fantômes - Cinder & Ashe

Voilà une bande dessinée où les personnages peuvent fumer n’importe où, n’importe quand. Publié pour la première fois dans son intégralité en France, cet album remonte à 1988. Sur le plan visuel, des couleurs très crues, posées à plat, le vert appelle la salade, les tracés au crayon noir, appuyés, hachurent sévèrement les cases.

Après un des conflits des États- Unis contre la menace communiste, Jacob Ashe, un vétéran du Vietnam, est rentré au pays avec une gamine métisse, nommée Cinder, qu’il a sortie de la rue. Adoptée par les cousins de Ashe, Cinder finira de grandir à la Nouvelle-Orléans. Adulte, en compagnie de Ashe, son mentor, Cinder devient détective privé.

Témoins des drames du passé, ils deviennent des chasseurs de fantômes, en butte aux règlements de comptes entre personnages importants et citoyens sacrifiés au nom du bien d’autrui.

À l’école panaméricaine des arts de Buenos Aires, José Luis Garcia Lòpez s’est affûté au dessin sous la houlette de professeurs tels que Hugo Pratt et Alberto Breccia, il a notamment collaboré avec DC Comics pour Wonder Woman contre Superman. De son côté, Gerry Conway écrit chez Marvel depuis ses 18 ans. Il a créé une somme des personnages de l’univers de l’Amazing Spider-Man, peut-être pour se rattraper d’être l’homme qui a tué Gwen Stacy.

Les chasseurs de fantômes - Cinder & Ashe de Gerry Conway et José Luis Garcia-Lòpez aux éditions Delcourt, 128 pages, 14,95 euros

vendredi 21 juin 2013

Fray

Le personnage de Buffy, la tueuse de vampires, est monté à la tête de Joss Whedon parce que les vraies filles, celles qui le faisaient rêver, n’existaient pas en bande dessinée. Exception faite de Kitty Pride quand elle intégra les X-Men. Scénariste, concepteur-réalisateur de bandes dessinées, de séries télévi-sées et de films, Joss Whedon a poursuivi sa quête d’une héroïne qui ne sacrifierait pas aux canons de beautés siliconées aux fessiers cambrés.

Sa rencontre avec Moline, son dessinateur-accoucheur, sera décisive pour ce créateur d’univers. En 2003, Whedon lance le cycle des aventures de Melaka Fray. Habitante d’un quartier pourri, dans un futur Manhattan qui a été irradié, une jeune fille devient l’élue, elle a dix- neuf ans. Cette annonce est faite à Melaka Fray par un gros type chauve, avant qu’il ne se transforme, de lui-même, en brasier. Ayant déjà pas mal de misères à gérer au quotidien,  la jeune fille néglige cette révélation. Mais un énergumène qui a l’apparence d’un bouc, mais en plus grand et en plus violent, l’attend chez elle pour la former. Il est son mentor, elle est la tueuse. Il doit l’entraîner afin qu’elle mène l’humanité dans la guerre contre les vampires. Voilà qui va bien perturber son quotidien de voleuse dans le gang de Gunther l’amphibien. Sergent dans la police, Erin, sa sœur aînée, s’inquiète des fréquentations douteuses de la jeune Melaka. En pure perte, car le destin remplit toujours son office.

Fray de Joss Whedon et Karl Moline aux éditions Panini Comics, 150 pages, 15,95 euros

mardi 11 juin 2013

Sayonara gangsters

Étudiant, connu pour ses idées radicales, Genichiro Takaha-shi, inscrit à l’université de Yokohama, a été arrêté et a passé un an en prison. Cette expérience le rendra incapable de lire et d’écrire pendant plusieurs années.

Le présent ouvrage, paru aux États-Unis en 2004, passe pour le plus grand roman de la littérature  post-moderne japonaise. Pourtant, pendant longtemps ce livre n’a pas été traduit en langue japonaise.

Qu’est-ce que c’est un livre non interdit, invisible dans la langue d’origine de son auteur? C’est une histoire qui commence tranquillement. Un professeur de poésie, avec une vie bien tranquille, voit son existence basculer quand il rencontre un groupe de terroristes. Ce sont des gangsters. Au Japon, une personne qui ne suit pas à la lettre les règles imposées par la société devient un marginal. Ce lettré entame alors un véritable périple homérique. À sa suite, le lecteur fait de mémorables rencontres. La muse du poète, qui, au contraire de celle de Dante, est une figure bien en chair et très remuante. Virgile est sorti de sa tombe et de son latin pour hanter un réfrigérateur flambant neuf. Le roi Henri IV fréquente un chat de bibliothèque qui aromatise son lait à la vodka. C’est de la science-fiction, du roman noir, d’une originalité folle, émouvant jusqu’à donner parfois une petite envie de pleurer.

Sayonara gangsters de Genichiro Takahashi, Books éditions, 220 pages, 18 euros

vendredi 7 juin 2013

Le puits de Moïse est achevé

Ce vétéran des auteurs de romans policiers français est né en 1923. Il avait conservé de sa Pologne natale le souvenir de l’odeur du gâteau aux myrtilles, et des chiens lors de son entrée à Auschwitz, en juillet 1944. Il fut ouvrier agricole, apprenti ébéniste, bonnetier. En 1979, sa vie change lorsque son roman Le Salon du prêt- à-saigner reçoit le Grand prix de la littérature policière. Ce n’est qu’en 2002 qu’il publie C’est en hiver que les jours rallongent, texte dans lequel il relate sa déportation et sa captivité. Décédé le 25 novembre 2012, ce livre est son dernier roman, un récit bâti sur la légende des Templiers et sur les persécutions religieuses reprises à son compte par le petit- fils de saint Louis. Au XIVe siècle, le roi Philippe IV, dit le Bel, n’a plus un sou. Afin de combler son gouffre financier, il spolie les Lombards et les juifs. Les râleurs sont massacrés. L’ordre militaire religieux du Temple émet des doutes sur la foi de ce souverain. Le Temple se plaint à son chef, le pape, qui s’en lave les mains. Le roi a force de loi. Il fait emprisonner les Templiers pour les voler de leurs biens. Depuis, la question du trésor des Templiers se trouve posée. Où est-il? Objet de tous les fantasmes, de toutes les convoitises, cet argent reste introuvable.

Le puits de Moïse est achevé de Joseph Bialot aux éditions Rivages/Noir, 348 pages, 9,15 euros