vendredi 28 décembre 2012

Nos séries télé 1970-1980

Passionnés, les auteurs sont animateurs du site www.-toutelatele.com. Ce livre est consacré aux séries télévisuelles. Le genre évolua des sages années 1960 aux flashs des années 1970- 1980.

Sans coup férir, on descendit du cheval de Zorro pour enfiler le costume serré de l’agent James West et se castagner contre le nain Loveless. On échangeait la cape noire et la ruse contre un train d’inventions du gouvernement américain. Une agence de furieux hors de contrôle prenait tous les risques dans une croisade antiméchants. Chapeau bas à la sexy Emma Peel, qui talonnait les bandits à coups de bottes de cuir. Au soleil d’Hawaï, la moustache de Magnum en chemise à fleurs, au volant d’une Ferrari, ça éclabousse! Le ranch de Dallas n’était pas kitsch, l’infâme JR n’était pas mort. Que du rêve!

Cet album étourdissant est illustré par une incroyable collection de photographies de magazines, pochettes de disques, objets de référence et produits dérivés d’ordre divers.

Nos séries télé 1970-1980 de Jérôme Roulet et Alexandre Raveleau HORS COLLECTION 212 pages, 25,30 euros

mercredi 26 décembre 2012

Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au stalag II B

Après la défaite de 1940, le militaire de carrière René Tardi sera interné en Poméranie durant cinq ans. Il avait fini par l’écrire sa guerre. À soixante-six ans, le fils retrace l’histoire paternelle en bande dessinée. Un récit en trois couleurs. Le quotidien de milliers d’hommes gardés comme des pièces de viande par des fonctionnaires déshumanisés. Des humains parqués, qui souffrent, rigolent, s’emmerdent en essayant de survivre tous les jours.

Moi, René Tardi, prisonnier de guerre au stalag II B de Tardi aux éditions Casterman, 160 pages, 25 euros.

vendredi 21 décembre 2012

Un vrai crime pour livre d'enfant

Australienne grandie à Melbourne, Chloé Hopper émigra aux États-Unis pour étudier. Aujourd’hui âgée de trente-cinq ans, elle vit de ses écrits. Son premier roman, semi-autobiographique, est un roman noir inspiré de sa première expérience d’enseignante.

L’histoire est celle d’une jeune et fraîche émoulue institutrice, Kate, dont l’attention est attirée par le caractère et la grande sagacité de l’un de ses élèves. Kate rencontre ses parents, il s’agit de Thomas et Veronika. Cette dernière vient de publier un livre sur un terrible fait divers: une femme trompée aurait assassiné la maîtresse de son mari avant de se jeter d’une falaise. Peu impressionnée, l’impétueuse Kate entame une relation adultère avec Thomas, le mari de la romancière. Tout semble rester calme sous un ciel serein, quand d’étranges signes viennent perturber le paisible équilibre de cette jeune fille adultère.

Partant d’une histoire de crime classique, basée sur la tromperie et la vengeance, l’auteur introduit un roman historique, auquel se joint un conte cruel pour enfants. Tous les éléments s’emboîtent, s’imbriquent, au point de piéger le lecteur. La réflexion sur la mécanique de l’écriture peut gêner, mais ce n’est qu’une perversion stylistique qui s’ajoute au plaisir. Ce roman est une fable cruelle sur la perte de l’innocence, qui est aussi la venue à l’écriture d’une jeune femme. L’habile lecteur peut aussi bien en conclure qu’être institutrice cela n’était pas vraiment son truc, à cette nouvelle écrivain.

Un vrai crime pour livre d'enfant de Chloé Hopper, aux éditions Christian Bourgois, 304 pages, 22 euros.

jeudi 20 décembre 2012

Dans la brume électrique avec les mort confédérés

Natif du Texas, James Lee Burke a multiplié les emplois alimentaires et parcouru les États-Unis jusqu’à ses cinquante ans avant de pouvoir s’installer comme écrivain. Dave Robicheaux est un shérif du comté de New Iberia, proche de la Nouvelle Orléans. Ce vétéran de la guerre du Vietnam est un homme à l’existence tranquille, qui aime sa vie de famille dans sa maison au bord de l’eau. S’il se sent usé par les laideurs de la vie, ses descentes en ville sont souvent bien arrosées et, comme on vient le chercher, il se lâche en brisant les voyous qui le prennent pour un vieux tableau. Ce qui complique ses rapports avec les politiques, sa hiérarchie et la moitié de la ville, ce dont il se fout éperdument.

Cette fois, c’est un acteur de cinéma, interpellé par Robicheaux pour conduite en état d’ivresse, qui lance une affaire en affirmant voir les morts d’une bataille de la guerre de Sécession sur les lieux du tournage de son nouveau film. Sur ses indications des recherches vont être menées, jusqu’à la découverte d’un squelette dans les marais proches de la ville. Ces images vont alors raviver la mémoire de Dave Robicheaux, qui va se pencher sur le souvenir d’un autre crime.

Bertrand Tavernier vient d’adapter pour le cinéma ce roman de James Lee Burke, le Faulkner du roman noir. Un ténébreux auteur au style collé à la moiteur de la Louisiane et à l’emportement des cyclones.

Dans la brume électrique avec les mort confédérés de James Lee Burke aux éditions Rivages/Noir, 479 pages, 10,40 euros.

mercredi 19 décembre 2012

Emmuré vivant

Le pseudonyme de Natalia Alexandrova cache un couple d’écrivains russes, auteurs d’une soixantaine de romans occupant régulièrement les listes des meilleures ventes en Russie.

Ce roman ressemble davantage à un roman de la poisse qu’à un roman noir d’aventure, de l’angoisse. À Saint-Pétersbourg, de nos jours, une jeune femme très sage est certaine de faire tout ce qu’il faut pour garder le prince charmant. Elle a démissionné de son travail et prépare son mariage. Tout est à sa place. Mais après une soirée barbecue passée chez de fervents adeptes du socialisme ouvert à toute entreprise libérale, le futur mari est victime d’un accident de la route. Le malheur s’abat sur la candide Russe. Son fiancé momifié est dans le coma à l’hôpital. Très vite elle se retrouve virée de l’appartement de son futur mari. À la rue et sans emploi, elle doit retourner se faire héberger par son frère et sa mégère. La momie, réveillée, communique en morse à la fiancée à son chevet qu’elle se sent menacée. Dans la nouvelle Russie conquise par le dollar, la jeune femme déboussolée est la première suspecte de la police, qui ne se fatigue plus à chercher les raisons de commettre des attentats contre des personnes privées. Des hommes d’affaires s’inquiètent aussi de la survie de ce fiancé, lui dont la vie semblait aussi romanesque qu’un chant militaire.

L’ère du collectivisme est bel et bien révolue, désormais chacun veut abuser de tous les autres.

Emmuré vivant de Natalia Alexandrova, aux éditions fleuve noir, 282 pages, 19 euros.

mardi 18 décembre 2012

L’affaire de l’esclave Furcy

Le 16 mars 2005 tous les documents concernant «l’affaire de l’esclave Furcy» furent mis aux enchères à l’Hôtel Drouot. Trente ans avant la loi d’abolition de 1848, ces papiers relataient le plus long procès qui fut intenté par un esclave à son maître. Cette centaine de lettres manuscrites, de comptes rendus d’audience et de plaidoiries illustrent une période de l’histoire de France.

Ces archives dévoilent le récit extraordinaire du combat d’un esclave de trente et un ans prénommé Furcy. Un jour d’octobre 1817, dans l’île Bourbon (actuellement la Réunion), il décida de se rendre au tribunal d’instance de Saint-Denis pour exiger sa liberté. Dans ce combat, Furcy bénéficiera du soutien d’un magistrat: Gilbert Boucher, procureur général de l’île en 1817. Et aujourd’hui, malgré un dossier très volumineux et toutes ces années de procédure, le public ne sait plus rien de l’affaire qui mena Furcy devant les tribunaux. Pourtant ce procès fut unique en son temps. Il connut de très nombreux rebondissements, dura près de vingt-sept ans avant de connaître son dénouement le samedi 23 décembre 1843 à Paris.

Né en 1964 en Algérie, Mohammed Aïssaoui a fait ses études en sciences politiques et est devenu journaliste spécialisé en littérature. En prenant le temps de retrouver Furcy, il a voulu faire sortir de l’ombre et de l’oubli des hommes qui ont mené leur combat pour faire avancer la société.

L’affaire de l’esclave Furcy de Mohammed Aïssaoui, aux éditions Gallimard, 195 pages, 16,90 euros.

lundi 17 décembre 2012

À nous deux, Paris!

du Japon, un jeune assistant dessinateur de BD débarque de son île natale à Roissy. Il vient pour travailler. Ce problème posé est résolu dès son arrivée à Paris car son emploi n’existe pas. Pas découragé, le jeune homme s’active jusqu’à décrocher un boulot dans une supérette spécialisée en produits asiatiques de la rue Sainte-Anne.

Jusque-là cantonné dans son île, berceau d’une civilisation séculaire, ses pérégrinations vont amener ce jeune homme à approfondir sa réflexion sur l’Occident moderne. Comment Paris, ses habitants, ses us et coutumes sont-ils perçus par un Japonais? Arrivé pétri d’admiration envers la capitale du chic et de la mode, il va de surprise en étonnement.

L’humour avec lequel ce dessinateur déchiffre notre quotidien est une réelle découverte. Le dessin semble naïf, mais c’est pour mieux nous captiver. Cette bande dessinée est totalement adaptée en français, pour en faciliter la lecture.

À nous deux, Paris! de Jean-Paul Nishi aux éditions Philippe Picquier, 192 pages, 14,90 euros

dimanche 16 décembre 2012

Moisson rouge

Dashiell Hammet (1894-1961) fut un des fondateurs du roman noir américain. Créateur de l’archétype du détective dur à cuir, un homme qui revient de loin pour conclure, quoi qu’il lui en coûte. Dans sa jeunesse Hammet fut détective privé dans l’agence Pinkerton. Un employeur célèbre pour ses services rendus à un patronat américain complice de la mafia, qui fait la chasse aux communistes, syndicalistes libéraux, noirs, homosexuels et aux Mexicains. Cette liste est non exhaustive. Mais tout cela se passait avant l’invention du FBI. La carrière littéraire de Dashiell Hammett sera abrégée par le harcèlement dont il fera l’objet dès le milieu des années trente. Il ne cachera jamais ses opinions de gauche. Ses ouvrages seront interdits de diffusion, il disparaîtra des bibliothèques publiques pour ne plus y revenir. Taxé de communisme, il sera envoyé six mois en prison en 1951. Son cancer du poumon le tuera dix ans plus tard.

En 1929 Dashiell Hammett avait publié Moisson rouge, une révolution littéraire qualifiée de «série noire» par les intellectuels en 1944. Quatre-vingts ans plus tard, les éditions Gallimard présentent une nouvelle traduction, débarrassée des tournures impropres qui ternissaient la première édition française. De son écriture sèche, Dashiell Hammett dépeint une société corrompue par l’entre-deux-guerres. C’est l’histoire d’un maire d’une cité minière du Montana qui, après avoir utilisé la pègre pour réprimer des grèves, engage un détective privé sans scrupules afin de nettoyer le bourbier. Personne ne sera déçu.

Moisson rouge de Dashiell Hammett série noire Gallimard 283 pages, 18,50 euros.

samedi 15 décembre 2012

Cat Chaser

Ce passionnant ouvrage, qui voyage dans le temps et l’Histoire, est l’occasion d’explorer les croyances des sociétés qui se sont succédé. Mais aussi de s’interroger sur le devenir collectif de notre monde et notamment sur ce qui mériterait d’être sauvé face à ce que l’on souhaiterait voir disparaître à tout jamais.

Elmore Leonard, auteur «pulp» il y a soixante ans, s’est converti au cinéma, à la télévision et au roman policier. Le roman à l’origine du film mythique Jackie Brown est de lui, comme le western 3h10 train pour Yuma. En 2007, Leonard a publié ses dix règles d’écriture, la formule étant: quand cela ressemble a de l’écrit, je réécris. Le présent ouvrage fut adapté au cinéma par Abel Ferrara en 1989.

Dans le feuilleton de la République dominicaine, l’ami des Américains et dictateur, Trujillo, a quitté l’exercice du pouvoir dans un accident de voiture en 1961. Ses complices s’enfuiront en Floride. Après une épuration, une république s’installe. Elle est renversée en 1965. Le président Johnson et le Sénat font débarquer 20 000 hommes sur l’île. Le jeune engagé George Moran participera au combat de l’Amérique démocratique contre la révolution gauchiste comme tireur d’élite au bataillon des «Cat Chaser». Terme désignant les chasseurs embusqués tirant des toits, mais aussi les dragueurs en argot. Rentré au pays, George vieilli avec bonheur. Nostalgique, il revient à Saint-Domingue quinze ans plus tard. En touriste, il cherche la fille qui se fichait de lui en faisant le coup de feu. Il en retrouve une autre, celle qui lui avait tourné la tête, une bombe glacée américaine, mariée avec un bourreau du dictateur Trujillo. La chasse reprend.

Cat Chaser d’Elmore Leonard aux éditions Rivages/Noir 254 pages, 8,65 euros.

vendredi 14 décembre 2012

Alix Senator

La scénariste Valérie Mangin et le dessinateur Thierry Démarez ont repris les aventures d’Alix. Un jeune Romain missionné auprès du neveu de Jules César, qui fut inventé par le regretté Jacques Martin en 1948. L’astuce est bien agréable.

Tout comme ses lecteurs, Alix Graccus a vieilli, il a passé les cinquante ans et acquis les honneurs du Sénat. De son côté son ami Octave a réussi dans la vie, il est devenu le premier empereur de Rome. En 12 avant notre ère, la paix semble régner dans l’empire d’Octave Auguste, tout-puissant. Dans ce ciel devenu limpide, un aigle armé de griffes d’or va surgir et massacrer le gendre de l’empereur. L’oiseau est le symbole de Jupiter, souverain des dieux. Auguste demande à Alix d’enquêter sur ce qui pourrait être un attentat, ou une malédiction divine. À cheval, on découvre Titus, son blondinet de fils, une copie affadie du père, accompagné d’un ami, Khephren, fils d’Enak. Faisant le mur pour se rendre au lupanar, les jeunes gens vont tomber dans un nid d’intrigues, dont les chemins mènent aux lieux les plus sacrés de Rome. Les augures annoncent la mort d’Auguste qui refuse de nommer un flamen dialis. L’attentat échoue, mais la menace persiste. La suite au prochain tome.

Alix Senator de Martin, Mangin et Démarez aux éditions Casterman 47 pages, 12,95 euros.

jeudi 13 décembre 2012

Les sentiers du désastre

La fin est arrivée à Mexico pour Donald Westlake. Il avait 75 ans mais il ne les faisait pas. Auteur prolifique, il s’était essayé au roman érotique, à la science-fiction, au western, à la biographie, à la politique-fiction. Il ignorait donc le nombre de livres qu’il avait écrits, avouait au moins dix pseudonymes, avant de conseiller aux journalistes qui l’interrogeaient d’aller chercher sur internet. Il avait trouvé sa voie dans le roman policier noir et doré à l’humour fin.

Westlake a créé le voleur lamentable, Dortmunder, un raté qui ne vole que les voleurs d’une société organisée autour du crime. Son autre personnage fétiche, Parker, est un tueur froid, soucieux des progrès du genre humain. Tranquille, il s’assumait bien en auteur politiquement incorrect, voire incivil. En France, son livre le plus connu, Le couperet, un roman social où l’on voit un cadre sans emploi se transformer en machine à tuer, a été adapté au cinéma par Costa-Gavras avec José Garcia dans le rôle du serial chômeur.

Les sentiers du désastre est son dernier roman paru en France. Devenu un renégat, John Dortmunder travaille comme majordome chez un malhonnête magnat de la finance qu’il veut dévaliser. Mais l’homme d’affaires disparaît. Le premier soupçonné dans ce genre d’histoire, c’est toujours le majordome.

Les sentiers du désastre de Donald Westlake, aux éditions Rivage noir n°709, 400 pages, 9,50 euros.

22 Britannia road

Native du Somerset en Angleterre, devenue journaliste à La Dépêche du Midi où elle signe sa chronique anglaise, Amanda Hodgkinson réside dans le sud de la France. Ce livre est son premier roman. Une histoire qui commence au printemps 1946. Silvana s’embarque avec son petit garçon, Aurek, pour l’Angleterre. À cette adresse du 22 Britannia road, ils vont retrouver Janusz, le mari de Silvana. Les deux époux ne se sont pas revus depuis le début de la guerre. Lorsque Janusz a quitté Varsovie pour rejoindre son régiment, les deux jeunes gens s’étaient mariés depuis peu. Leur bébé n’avait que quelques mois. Pour Silvana, la guerre sera synonyme d’exil, comme pour beaucoup de civils polonais obligés de fuir Varsovie devant l’arrivée des Allemands. Elle et son enfant quitteront la Pologne, subsisteront à grand peine dans les forêts de l’Europe de l’Est.

De son côté, Janusz, rescapé des combats, a fui en France où il a trouvé refuge dans une ferme. Il a vécu d’autres histoires, rencontré d’autres femmes. La décision de rechercher sa femme et son fils ne viendra pas de lui, mais d’une femme qui le quitte. Mais ces époux qui veulent renouer leurs liens défaits se cachent l’essentiel: le choix, les décisions prises seul pendant leurs sept ans de malheur. Lorsqu’en dépit d’eux-mêmes les vérités douloureuses verront le jour, la rupture semblera définitive.


22 Britannia road de Amanda Hodgkinson aux éditions Belfond, 429 pages, 21 euros.